Speicher est une commune située à 20 km au nord de Trèves dans laquelle l’activité céramique possède une très longue histoire.

Ateliers romains
Depuis 1856, on découvre dans la forêt de Speicher des fours de potiers romains. La production s’étale du 2^e à la fin du 4^e siècle. On y a découvert des restes de 27 officines et de deux tuileries.

On y fabrique de la céramique utilitaire de couleur claire, à la surface rugueuse fortement chamottée.

Il s’agit ici comme à Urmitz, et Mayen, de poteries communes. La pâte est jaune–blanc à grise, et contient un dégraissant de quartz. Cette production subit la concurrence de Mayen au 4^e siècle et disparaît progressivement.

Ateliers médiévaux et modernes
La céramique renaît dans cette région vers 1200 autour des villages de Speicher, Herforst, Binsfeld entre autres. Il s’agit de céramiques  à usage domestique de couleur gris-noir en cuisson réductrice et gris brun en cuisson oxydante. 

On y fabrique aussi très tôt des proto-grès une matière dure mais non totalement vitrifiée ; dès le XIV^e siècle, on assiste à des essais de glaçure au sel. Les récipients fabriqués à la fin du moyen âge ont une surface ocre sur laquelle se détache des coulures sombres légèrement brillantse.

En 1485 les potiers de Speicher, Binsfeld et Herforst obtiennent de l’évêché de Trèves de s’établir en corporation. Il semble que les potiers de grès n’y participent pas. Leur production est encore largement non glaçurée, de couleur claire. 

Celles des XVI^e et XVII^e siècle possèdent une glaçure fine. La peinture au cobalt apparaît d’une manière encore discrète au XVI^e siècle.

Au XVIII^e siècle apparaissent des potiers du Westerwald dans la région de Niersbach, Speicher, Zemmer, Bruch, Binsfeld. On identifie ainsi les familles de potiers Gerhards, Krumeich, Knötgen, Wingender, Remy, Willems qui s’installent dans la région.

Les potiers venus du Westerwald fondent une corporation. Vers 1790, il y a à Speicher et dans sa région 36 poteries en activité. La production est assez proche de celle du Westerwald, avec des décors  au bleu de cobalt sur une surface gris-bleutée.

Au XIX^e siècle, cette céramique entre en concurrence avec la faïence fine dont les prix deviennent de plus en plus compétitifs, puis vers la fin du siècle avec la tôle émaillée résistante aux chocs. Dans les années qui marquent la fin du siècle il n’y a plus guère de potiers.

Une entreprise cependant se maintien, celle de Jacob Plein-Wagner (1839-1903), qui fabrique des récipients pour contenir le lait. Elle existe encore sous le nom de Plewa. Une autre entreprise maintient la tradition du grès celle de la poterie Willems.