Luxembourg
GA038 1867 : Grand-Duché de Luxembourg
Traité de Londres de 1867 : le Luxemburg devient un Etat indépendant et neutre
Les vives tensions qui régnaient entre Paris et Berlin concernant la "question luxembourgeoise" représentaient une réelle menace de guerre. Au vu de cette situation, le chancelier de l’Empire autrichien, le Comte Ferdinand de Beust, suggéra que le Grand-Duché de Luxemburg fût annexé à la Belgique. La France devait alors retrouver sa frontière telle qu'elle était en 1814. Il convenait pour cela de restituer les territoires de Condé, Maubeuge, Philippeville, Charlemont et Givet à la France. La deuxième solution proposée était d’accorder au Luxemburg le statut d’un Etat neutre et indépendant. Le 7 mai 1867, les mandataires des puissances européennes se réunirent lors d’une conférence à Londres afin de débattre de la question luxembourgeoise. Les mandataires du Roi de Prusse, de la Reine de Grande-Bretagne et d'Irlande, du Tsar russe, de l’Empereur des Français, de l’Empereur d’Autriche, mais également du Roi des Pays-Bas et du Roi de Belgique avaient répondu présents à cette conférence. Ils s’accordèrent sur le nouveau statut du Luxembourg et signèrent le Traité au bout de quatre jours. Dans la Loi du 21 juin 1867, le Roi des Pays-Bas et Grand-Duché de Luxembourg Guillaume III ordonna la publication du Traité de Londres du 11 mai 1867 dans le Mémorial luxemburgeois. Ce document atteste que le Roi des Pays-Bas et Grand-Duc de Luxembourg accepte le nouveau statut du Luxembourg généré par la dissolution de la Confédération germanique. |
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Guillaume III Roi des Pays-Bas et Grand-Duc de Luxembourg (1817-1890)http://www.gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/te63/gr211/ii249/290#sigProId67c2d98947 |
L’article 1er du Traité du 11 mai 1867 stipulait que le Grand-Duché de Luxemburg devait rester attaché à la Maison d'Orange-Nassau et, par conséquent, à Guillaume III ainsi qu’à ses successeurs masculins. L’article 2 du Traité énonce que le Grand-Duché de Luxembourg doit rester à jamais un Etat neutre délimité par les frontières établies dans le Traité du 19 avril 1839 et ses annexes. Le Luxembourg fut ainsi déclaré Etat neutre sous la garantie des grandes puissances (Grande-Bretagne, Autriche, France, Prusse et Russie) à la seule exception de la Belgique, elle-même considérée comme un Etat neutre. Le troisième article porte sur les fortifications de Luxembourg. Il stipule qu’aucune fortification ne doit être construite sur le territoire du Grand-Duché. En outre, le Roi prussien devait, en vertu de l’article 4, retirer les troupes de la place forte de Luxembourg. Selon l’article 5 du Traité, Luxembourg devait devenir une ville ouverte, ce qui impliquait la destruction des fortifications. Le 11 mai 1867, le Traité fut signé par les mandataires à Londres. Le Grand-Duché de Luxembourg se vit ainsi conférer le statut d'Etat neutre. Cette décision avait été prise dans l'intérêt de ce petit pays mais également dans le but de maintenir la paix en Europe. L’objectif de ce Traité était de mettre un terme aux querelles franco-prussiennes sur la place forte qui revêtait une importance stratégique. La France renonça à l’achat du Grand-Duché et la Prusse retira ses troupes de la place forte. La menace d’une guerre entre la France et la Prusse était ainsi conjurée. Ce compromis portait toutefois un préjudice bien plus important pour la France que pour la Prusse. Si la Prusse fut contrainte de retirer ses troupes, la France, elle, vit sa position grandement affaiblie dans le contexte de la politique extérieure. Lorsque le non aboutissement de l’achat du Luxembourg fut rendu public, l’initiative française fut vouée à un échec complet. Ce fut une défaite amère pour l'Empereur des Français dont la réputation nationale et internationale en pâtit. |
Calmès, C. 1974: Essais sur l’annexionnisme au Luxembourg (1867-1870), In: Hémecht, Zeitschrift für Luxemburger Geschichte, Luxemburg, H. 4, S. 409-437 Calmès, C. 1994: La Belgique et le Luxembourg : un destin commun sous les menaces du dogme des « Frontières naturelles » (1829 à 1870), In : Luxemburger Wort, Jg. 147, Nr. 62, S. 10-11 Krier, E. 1999: Die Londoner Konferenz und die Neutralität Luxemburgs, In: Luxemburger Wort, Jahrgang 145, S. 4 Mémorial A N° 19 du 25. 06. 1867, Loi du 21 juin 1867 portant approbation du traité de Londres du 11 mai 1867, S. 133-138 |